31 décembre 2011

De la sensualité


 
" La sensualité, accord intime avec les qualités, ne se tient que dans son propre mouvement. De l'expérience sensorielle telle qu'elle a été éprouvée, on l'a vu, nous ne pouvons rien retenir, seulement constater les sédiments, les signes, qu'elle a laissés après son passage. Mais ces signes, dans l'écoute, dans l'écriture, les yeux fermés pour ne pas nous en laisser imposer par leur illusoire densité, leur arrogante insistance, nous pourrons en palper les contours, rôder sur leurs frontières. Éprouver, ce faisant, leur peau et l'envers de leur forme. En ce point où nous les effleurons, nous pouvons tout à la fois être eux et nous retirer d'eux, et dans la pulpe de nos doigts, dans le regret de notre adieu au moment de la séparation, dans l'évanouissement de cette brêve communauté de notre être et du leur, sur le fil de la coupure, connaître leur nostalgie et la nôtre, et tenter de lui donner forme à nouveau. Ecrire le mot, prononcer la parole, poser la touche de peinture qui, en cherchant à apaiser la douleur de la séparation fera revivre la présence, rouvrira - projet insensé si l'on y songe, mais réalité des songes - l'espace d'un instant. " 
 
- François Gantheret, La Nostalgie du présent

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