5 octobre 2010

Via combusta

La lune meurt et s'apprête à renaître. Sa lumière déclinante charrie des pensées de mort, d'éreintement, de fleurs fanées. Les feuilles d'aulne roulent sur la chaussée que mouille une petite pluie sans entrain. C'est le moment de clore les vieux livres, dénouer les vieux procès, pardonner. Jeter, vider, épurer. Faire place nette pour ce qui s'érige.

La lune mourante nous dit que l'on a le droit d'être fatigué, de dormir une heure de plus et de ne pas avoir envie de sortir. Il y a d'autres temps pour la création, le franchissement de frontières inédites, la mise au défi de sa propre vie. On peut attendre le printemps pour ça, ou la nouvelle lune. Là quoi qu'on en dise, ça ne sonne pas juste : on en a envie, on sait qu'un nouvel élan est nécessaire mais le bond n'est pas dans ses jambes, et l'on reste assis.


Avec la nouvelle lune se lèvera l'expression de la beauté. Dans ses rayons blancs on dansera comme jamais, on écrira des scènes fulgurantes pour la grande œuvre dramatique de l'année, on composera des mélodies à faire pleurer les anges du firmament.
Les rêves baignés par sa candeur, sur un oreiller de lait, joueront au tric-trac avec les vieilles amours.

C'est le moment, dit-on, de voir si ses valeurs sont en accord avec le chemin qui conduit au plus haut de soi-mêmes et à son bonheur. C'est le moment de gagner en clairvoyance sur ses schémas relationnels, retrouver ses trésors enterrés et ses squelettes dans le placard.

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