6 octobre 2010

Solitudine


La solitude est une amie trompeuse. On a beau s'en méfier, au bout d'un moment elle sait se rendre indispensable. J'aime bien la différence que fait la langue allemande entre
allein et einsam. Je peux être allein (seule) sans me sentir seule (einsam). Parce que ma solitude me tient désormais compagnie.
Elle est là, toujours autour de moi. Elle est au petit soin, m'entoure d'un cocon protecteur. Au bout d'un moment, elle se place entre moi et les gens, comme un sas. Le silence est son mode d'expression, le calme est son activité.

Mais depuis quelques temps je me demande si d'avoir atteint la paix dans ce mode de relation n'est pas dangereux. Il est bien de pouvoir s'occuper avec soi-même et je me réjouie que l'ennui ne fasse plus partie de mon existence ; mais j'ai peur d'avoir passé tellement de temps seule que le retour à la vie en société sera presque impossible.


Autant on peut penser sous les poncifs que notre monde va trop vite, que nous sommes trop dépendants des autres et que les relations sociales sont devenues un cache-misère de notre vide intérieur, autant l'absence de relation n'est pas une solution non plus. Comme le hasard me fait des clins d'oeil en ce moment, il a mis sur mon chemin le parcours de Xavier Rosset et ses 300 jours passés seul sur une île déserte. D'une manière extrême, il a expérimenté la solitude et la perte de repère, et son
corollaire le plus effrayant: l'absence de discussion, avec les questions qui restent sans réponse. Nous avons besoin des autres pour penser, pour apprendre, pour découvrir des choses nouvelles.

Il faut voir notre vie comme un pèlerinage: en réalité, le temps pour rassembler notre paquetage intérieur est assez court. Mais on a besoin des autres pour avancer.

Pour moi aussi arrive le temps de me remettre en route.

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