8 octobre 2009

Staccato

Qu'est-ce qui donne le sentiment que les jours sont liés entre eux, que le temps va legato ? Qu'est-ce qui manque à mon quotidien, pour que ce sentiment s'y soit curieusement dissout ?

Il y a le temps virtuel, celui que je passe sur cet ordinateur, qui n'est rattaché au reste que par des mots, même si des choses s'y jouent pour de vrai. Du temps pour tel ou tel projet, telle ou telle personne. Le temps familial, dans lequel je change de forme et malgré mes efforts rapetisse, rapetisse. Le temps onirique, des rêves très denses nuit après nuit. Le temps au travail, qui n'a plus qu'une fiction de continuité, parce que très bientôt cette partie-là de ma vie va changer du tout au tout, tirant d'autres changements avec elle.

Le temps partagé entre les livres, de plus en plus de livres entamés, convoités ou promis, et que je suis lente à finir. Un peu de temps pour moi, dans un prolongement de sommeil, ou quand marchant dans la rue je m'accorde le droit de chanter. Le temps d'une quête à la fois cohérente et désordonnée, d'avancées et de régression, temps de croire certains mythes, d'écouter les mauvais conseils, de redevenir idiote, d'espérer mieux.

Je rêve d'une vie cohérente et unique, qui ne soit pas tronçonnée comme une page de programme télévisé. Image : nager dans un grand lac, au milieu du silence et du calme ; d'un coup le temps reprend forme et lien, il n'y a que ce temps pur, suspendu. Ou alors, le rythme doux d'une chanson dont on reprend le refrain. Pour l'instant, je dois encore courir, accepter de vivre en staccato, être un vecteur, et non une sphère qui saurait où est son centre. Pourquoi?

1 commentaire:

  1. Peut-être que la difficulté est la multiplicité de ces vecteurs qui chacun divergent. Pondérer fortement l'un d'entre eux imprime une trajectoire à son être qui s'y matérialise et constitue ce continuum salvateur qui permet de dire : voilà ma route, voilà d'où je viens, qui je suis et surtout ce que j'en fais.
    Ainsi l'important n'est pas tant de définir son centre que d'apercevoir sa trajectoire (fatum ou conatus, à voir...) afin de se rassembler en un tout cohérent.

    Tout celà n'est qu'un point de vue bien sur !

    RépondreSupprimer

pas